jeudi 10 mars 2011

INTERROGATION


« C’était ainsi tous les matins : un homme de la montagne se réveillait sur la montagne, aussi paisible qu’elle. Ses doutes et ses craintes de la veille, tous et toutes, avaient été lavés dans les eaux noires de la nuit. Il ouvrait les yeux et la porte de sa masure et, aussitôt, brasillaient en lui tous les printemps du monde parce que lui faisait face, là-bas à l’horizon, une aube nouvelle qui allait tout éclairer, et, en même temps, presque à la même seconde, croulaient sur lui tous les automnes, toutes les détresses du monde, à la simple vue d’un coq aveugle dont le chant avait retenti jadis comme un appel de la vie à la vie et qui était maintenant là, témoin, errant sans comprendre dans d’éternelles nuits faméliques, sans rien comprendre ni personne. Que pouvait-il faire pour le secourir, lui, Raho, fils de la terre nue ? »[1]

[1] Driss Chraïbi, La mère du printemps, l’Oum-Er-Bia, Paris, Editions du Seuil, 1982, P.19-20.
Voir :
http://raho.over-blog.com
http://paruredelapiete.blogspot.com
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com
http://laroutedelafoi.blogspot.com

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