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Il y a presque une trentaine d’années, j’ai demandé à mon père de raconter par enregistrement son parcours en l’associant à la situation du Maroc et de ses populations.
Il ne s’était pas empressé de concrétiser cette idée.
J’ai insisté cependant et il a fini par accepter.
Je m’occupais de la transcription et lui envoyais les textes.
Au bout de trois cassettes, prétextant que son état de santé ne lui permettait pas de fournir les efforts que nécessitait ce travail, il avait décidé de ne pas continuer.
En dépit de mes lettres insistantes et de mes appels téléphoniques, je ne suis jamais arrivé à le faire changer d’avis.
Je pense qu’il s’était rendu compte qu’il allait se trouver dans l’obligation de parler, même s’il ne le voulait pas, de certaines choses, et qu’il n’avait aucun moyen de contrôle de l’usage qui pouvait être fait de son récit.
Ces cassettes ne contiennent rien d’extraordinaire, mais permettent d’avoir des informations sur certains évènements.
Je les ai gardées pendant de nombreuses années avant de décider de les donner de mon plein gré et non à « l’insu de mon plein gré » comme dirait l’autre, à un de mes frères, parmi ceux dont j’ai déjà parlé.[2]
BOUAZZA
[1] Sur cette photo, ma mère était enceinte de moi.
À ses côtés, mon père portait dans ses bras ma sœur, de deux ans mon aînée.
C’est peut-être la première photo de mes parents au Maroc colonisé par la France.
La vie ici-bas de ma mère s’est achevée le samedi 28 juin 2008, et celle de mon père le samedi 04 octobre 2008 selon le calendrier dit Grégorien : presque soixante ans après cette photo.
[2] Après le décès de notre père, j’ai envoyé à ma belle-mère (pas la dernière, mais celle que mon père a épousée en troisièmes noces, lorsque j’avais trois ans) un document signifiant mon désistement concernant « l’héritage ». Je ne lui ai pas répété ce qu’elle n’ignore pas sur les pratiques condamnables relatives à l’acquisition d’un « bien ».
Je n’ai pas cherché non plus à lui rappeler ce qu’elle sait parfaitement, c’est à dire tout ce qui a été soutiré au défunt par mille et un moyens avant son départ pour l’au-delà et les vols qui perdurent.
Je n’ai pas plus parlé de ce qu’elle ne peut pas nier, à savoir la main mise sur des « biens » par certains de ses enfants, mes frères, qui continuent sans gêne leur manège.
Se reporter à mes textes intitulés "Libération", "Héritage", "Usurpations", "Encore sur les usurpateurs", "Échecs".
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