Il y a de cela toute une vie, dans les années soixante, je devais avoir quinze ans et lui onze, nous étions, avec je ne sais plus quels autres frères et sœurs, à table pour le petit déjeuner.
Nous habitions à ddaar lbiida,[2] et de par la fonction de notre défunt père, nous bénéficiions des services d’un cuisinier et d’autres employés.
Le cuisinier nous servait le petit déjeuner.
Comme à son habitude, ce frère exigeait d’être mieux servi que le reste de la tablée.
Lorsque le vieux cuisinier[3] a commencé à lui servir le thé, lui disait :
─ Ziid, ziid.[4]
Le verre était plein, et lui continuait à dire :
─ Ziid, ziid.
Le cuisinier versait.
Le thé débordait du verre, de la table et lui disait toujours :
─ Ziid, ziid.
La théière était vide et lui, imperturbable, disait encore :
─ Ziid, ziid.
Je ne me souviens plus de la suite.[5]
BOUAZZA
[1] Le fils aîné de la troisième épouse de mon père.
J’ai déjà eu l’occasion de parler de lui. Se reporter à mes textes intitulés "Libération", "Héritage", "Usurpateurs", "Encore sur les usurpateurs", "Échecs" et"Famille décomposée".
[2] Casablanca.
[3] Qui le connaissait bien, et qui était obligé de se retenir pour ne pas lui administrer une correction.
[4] Ajoute, ajoute. Encore, encore.
[5] Voir :
http://raho.over-blog.com/
http://paruredelapiete.blogspot.com/
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com/
http://laroutedelafoi.blogspot.com/
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