dimanche 8 mai 2011

ENCORE SUR LE FLUX ET LE REFLUX



« Le luth, il le fit glisser sur ses genoux en un geste très lent, comme s’il se fût agi d’un enfant endormi. Les cordes, il les effleura du bout des doigts pour les réveiller. Puis il leur fit donner de la voix, à plein. Et voici : le passé rejoint le présent, l’instrument devient aussi vivant que l’arbre plein de sève qui lui a jadis offert son bois. Quatre cordes en boyau de chat, tendues à rompre. Placée au centre, la cinquième est en crin de cheval tressée : le bourdon. Naissant à partir de ce bourdon et y revenant à intervalles réguliers, à la fois pour y mourir et pour en renaître, monte la langue de la vie, musicale charnellement, monte, scande et bat selon l’alternance du jour et de la nuit, selon le déroulement des saisons, le flux et le reflux de tous les océans du monde, le déferlement des vents issus des quatre horizons du ciel, danse la mélodie de l’arbre du Destin, danse et vibre en flots ininterrompus de pulsations l’éternité sans durée. Sans néant ».[1]


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