« Les paroles de Mohammad ‘Abd Alwahhaab[1] et ses mélodies me parviennent et une ancienne sensation s’empare de moi.
Je suis dans une période d’élève interne[2] à Faas.
Parfois, avec d’autres internes, je me débrouillais pour écouter un transistor[3] et travailler en même temps.
Lorsque c’était Mohammad ‘Abd Alwahhaab, je ne faisais qu’écouter.
Mouçaafiroune zaadohou alkhayaalou…[4]
C’était la fin des années soixante.
Selon le calendrier dit Grégorien.
Je ne pensais pas du tout qu’après le baccalauréat, j’allais quitter l’Afrique[5] pour l’Europe ».[6]
Ce sont des lignes d’un texte intitulé « Libération » que j’ai mis sur le « net ».
J’ai écrit[7] aussi :
« Le train fonçait à grande vitesse.
C’était comme si je passais en revue les plantes alignées.
Les paysages défilaient. […].
Soudainement, un tohu-bohu envahissait l’espace.
Le brouhaha de la connerie en chair et en os.
Il se déversait et dégoulinait de partout, illustré par des gesticulations incontrôlées et par moments obscènes.
Petit à petit, cette irruption affligeante s’était estompée, mais pour céder la place à un autre vacarme.
Des mâles et des femelles ânonnaient pour souligner qu’ils descendaient du singe.
Ils refusaient, de manière agressive, d’admettre que la dynamique de l’évolution à laquelle je crois, ne fait pas de moi le fils d’un macaque et d’une guenon.
Ils avaient du mal[8] à saisir que je sois un descendant de Aadame[9] sur lui la bénédiction et la paix, et de Hawwaa-e[10] qu’Allaah la bénisse.
Ils voulaient par tous les moyens me convaincre de je ne sais quoi et étaient dans tous leurs états parce que je refusais de me perdre dans leurs inepties.
Ils m’accusaient de tous les maux et faisaient de moi une « menace contre la civilisation ».
Il était désormais complètement inutile de leur parler.
Les mots se tassaient au fond de ma gorge pour ne pas tomber dans ma bouche. Ils se perdaient dans une sorte de labyrinthe afin de ne pas atteindre la sortie. Ils se pressaient ensuite pour atteindre des zones retirées, voire des recoins inexplorés, comme pour se mettre à l’abri, derrière une sorte de rempart infranchissable. On aurait dit qu’ils se cachaient pour me protéger, comme s’ils craignaient qu’en les utilisant de manière inadéquate, mon esprit n’échappe pas au naufrage. Ils insistaient pour que je ne sois pas tenté de rompre mon silence en parlant dans le vide et me demandaient d’attendre, de patienter, de faire preuve d’endurance et qu’au moment voulu, ce qui doit être fait se fera. Ils voulaient me signifier que dans chaque mot, il y a ce qu’il y avait avant le mot ».
J’ai écrit[11] également :
« Des arbres défilent.[12]
L’autocar roule en direction de la Hollande ».[13]
Puis[14] :
« Le train roulait toujours.
J’ai regardé longuement le ciel et quelques nuages qui semblaient vouloir caresser la dense végétation couvrant la montagne.
De l’eau courait dans le sens opposé de notre destination. […].
Après un long tunnel, le train a marqué un arrêt à Bardonecchia[15] en Italie.
La montagne était dénudée par endroits, mais pas trop.
Des bâtiments en ruines d’une ancienne ferme m’ont plongé dans des pensées sur notre parcours ici-bas et sur notre départ pour l’au-delà. […].
Les jours suivants, lors de marches en forêt,[16] nous avons eu du soleil, des nuages, de la pluie, des paysages splendides, des vues sur des parties des Alpes avec de la neige, du temps pour nous[17] asseoir sur un rocher et écouter le torrent nous rappeler qu’Allaah a fait de l’eau toute chose vivante ».
Je me souviens, il y a de cela de nombreuses années[18] à Makka[19] où j’étais pour l’accomplissement d’alhajj,[20] je me suis regardé et j’avais d’autres traits.
Cet « autre moi-même, m’était familier ».
C’était quelqu’un de ma Oumma.[21]
Depuis des siècles.
Je n’ai manifesté aucune surprise devant le miroir.[22].
J’irai au bout du voyage ici-bas avec la meilleure provision ine chaa-e Allaah,[23] la Piété,[24] sans oublier que le plus Noble d’entre nous auprès d’Allaah, est le plus pieux.[25]
BOUAZZA
Je ne pensais pas du tout qu’après le baccalauréat, j’allais quitter l’Afrique[5] pour l’Europe ».[6]
Ce sont des lignes d’un texte intitulé « Libération » que j’ai mis sur le « net ».
J’ai écrit[7] aussi :
« Le train fonçait à grande vitesse.
C’était comme si je passais en revue les plantes alignées.
Les paysages défilaient. […].
Soudainement, un tohu-bohu envahissait l’espace.
Le brouhaha de la connerie en chair et en os.
Il se déversait et dégoulinait de partout, illustré par des gesticulations incontrôlées et par moments obscènes.
Petit à petit, cette irruption affligeante s’était estompée, mais pour céder la place à un autre vacarme.
Des mâles et des femelles ânonnaient pour souligner qu’ils descendaient du singe.
Ils refusaient, de manière agressive, d’admettre que la dynamique de l’évolution à laquelle je crois, ne fait pas de moi le fils d’un macaque et d’une guenon.
Ils avaient du mal[8] à saisir que je sois un descendant de Aadame[9] sur lui la bénédiction et la paix, et de Hawwaa-e[10] qu’Allaah la bénisse.
Ils voulaient par tous les moyens me convaincre de je ne sais quoi et étaient dans tous leurs états parce que je refusais de me perdre dans leurs inepties.
Ils m’accusaient de tous les maux et faisaient de moi une « menace contre la civilisation ».
Il était désormais complètement inutile de leur parler.
Les mots se tassaient au fond de ma gorge pour ne pas tomber dans ma bouche. Ils se perdaient dans une sorte de labyrinthe afin de ne pas atteindre la sortie. Ils se pressaient ensuite pour atteindre des zones retirées, voire des recoins inexplorés, comme pour se mettre à l’abri, derrière une sorte de rempart infranchissable. On aurait dit qu’ils se cachaient pour me protéger, comme s’ils craignaient qu’en les utilisant de manière inadéquate, mon esprit n’échappe pas au naufrage. Ils insistaient pour que je ne sois pas tenté de rompre mon silence en parlant dans le vide et me demandaient d’attendre, de patienter, de faire preuve d’endurance et qu’au moment voulu, ce qui doit être fait se fera. Ils voulaient me signifier que dans chaque mot, il y a ce qu’il y avait avant le mot ».
J’ai écrit[11] également :
« Des arbres défilent.[12]
L’autocar roule en direction de la Hollande ».[13]
Puis[14] :
« Le train roulait toujours.
J’ai regardé longuement le ciel et quelques nuages qui semblaient vouloir caresser la dense végétation couvrant la montagne.
De l’eau courait dans le sens opposé de notre destination. […].
Après un long tunnel, le train a marqué un arrêt à Bardonecchia[15] en Italie.
La montagne était dénudée par endroits, mais pas trop.
Des bâtiments en ruines d’une ancienne ferme m’ont plongé dans des pensées sur notre parcours ici-bas et sur notre départ pour l’au-delà. […].
Les jours suivants, lors de marches en forêt,[16] nous avons eu du soleil, des nuages, de la pluie, des paysages splendides, des vues sur des parties des Alpes avec de la neige, du temps pour nous[17] asseoir sur un rocher et écouter le torrent nous rappeler qu’Allaah a fait de l’eau toute chose vivante ».
Je me souviens, il y a de cela de nombreuses années[18] à Makka[19] où j’étais pour l’accomplissement d’alhajj,[20] je me suis regardé et j’avais d’autres traits.
Cet « autre moi-même, m’était familier ».
C’était quelqu’un de ma Oumma.[21]
Depuis des siècles.
Je n’ai manifesté aucune surprise devant le miroir.[22].
J’irai au bout du voyage ici-bas avec la meilleure provision ine chaa-e Allaah,[23] la Piété,[24] sans oublier que le plus Noble d’entre nous auprès d’Allaah, est le plus pieux.[25]
BOUAZZA
[1] Le serviteur de Celui qui pourvoit (le serviteur d’Allaah).
C’était le nom du chanteur et compositeur d’Egypte (1907-1991) selon le calendrier dit Grégorien.
[2] J’ai connu l’internat dés l’école primaire. Un ami de mon père s’était arrangé pour que j’y sois sans payer (même si mon père avait les moyens de payer).
Au collège, après la première année et une partie de la deuxième à l’internat, je suis resté en famille à Casablanca. Je suis retourné à la fin de l’année à Lkhmiçaate (Khémisset), pour des raisons de santé que j’ai déjà signalées dans d’autres textes. Je me suis installé chez une de mes sœurs (décédée en 1970) selon le calendrier dit Grégorien.
Pour le lycée à Fès (Faas), l’ami de mon père s’est arrangé pour que je sois boursier.
Après le baccalauréat, j’étais inscrit à l’École Normale Supérieure (l’E.N.S.) à Rbaate (Rabat), avec un présalaire. Mais, toujours pour des raisons de santé, je ne pouvais y pas rester, et mon père a décidé de m’envoyer en France (Franeçaa).
Je n’ai pas obtenu le transfert du présalaire.
L’aide matérielle de mon père était symbolique.
Et après, suite à l’échec de ce qui a été appelé le "putsch" du 16 août 1972 (et le ratage de celui du 10 juillet 1971) selon le calendrier dit Grégorien, le système en place au Mghrib (Maroc) a décidé l’année suivante d’accorder une bourse, pratiquement à tous les étudiants en France.
J’en ai donc eu une.
L’internat et l’éloignement du Mghrib m’ont aidé à prendre mes distances avec une famille décomposée dont des membres du troisième mariage de mon père, portés sur le mensonge, le faux, la dissimulation, la tricherie, la tromperie, l’imposture, le vol, l’usurpation, ont fait ce qu’il fallait pour dépouiller ce père de son vivant, de biens que lui-même a acquis selon des pratiques malsaines du système en place au Maroc.
Il n’y a pas que ce père qui a été dépouillé, et pas qu’au Maroc.
Ces membres, et d’autres qui n’étaient pas encore nés lorsque je suis parti pour la France la première fois, continuent de délester, de piller, de racketter, de déposséder, de dévaliser et autres.
Ils n’ont pas accordé, et n’accordent pas d’attention au Rappel (addikraa).
[3] Il appartenait à ma sœur décédée en 1970 selon le calendrier dit Grégorien, la première année de mon arrivée en France. On ne m’a pas informé de son décès "pour que mes études ne soient pas perturbées".
Après une période de "perturbations", j’ai cumulé des diplômes, pas dans le but de "faire carrière", chose à laquelle je n’ai jamais pensé en France.
[4] Un voyageur dont la provision est l’imaginaire…
[5] Ifriqyaa (le "r" roulé).
[6] Ourobbaa (le "r" roulé).
[7] Dans un texte intitulé "Images".
[8] Comme certains lors de voyages en Egypte, en Chine, au Canada, en Turquie et ailleurs.
[9] Adam sur lui la bénédiction et la paix.
[10] Ève qu’Allaah la bénisse.
[11] Texte intitulé "Au long de la route".
[12] Il n’est pas difficile de sentir le contraste très fort avec la verdure en ce mois de juin ici, et la sécheresse au Mghrib (Maroc) à la même époque.
[13] Nederland, Pays-Bas.
[14] Texte intitulé "Sanglots".
[15] Bardonekkia.
[16] C’était en été dans une région montagneuse du Nord de l’Italie.
[17] Mon épouse et moi.
[18] En 1995 selon le calendrier dit Grégorien.
[19] La Mecque.
[20] Le pèlerinage pour les croyants et les croyantes (almouminoune wa almouminaate).
[21] Matrie, Communauté.
[22] Se reporter à mon texte intitulé "Regards" (en bas de page).
[23] Si Allaah veut.
[24] "Et faites des provisions, la meilleure provision est la Piété".
"Wa tazawwadou fa-inna khayre azzaad attaqwaa".
Alqoraane (Le Coran), sourate 2 (chapitre 2), Albaqara, La Vache, aayate 197 (verset 197).
[25] "Ô humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d’entre vous auprès d’Allaah est le plus pieux."
Alqoraane (Le Coran), sourate 49 (chapitre 49), Alhojouraate, Les Chambres, aayate 13 (verset 13).
Alqoraane est la continuation, la synthèse et le parachèvement du Message d’Allaah.
Voir :
http://raho.over-blog.com/
http://paruredelapiete.blogspot.com/
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com/
http://laroutedelafoi.blogspot.com/
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